Tic, tac. Tic, tac. Je ne sais pas pourquoi je repense à ce son.
Peut-être parce-qu'il est joli, doux et régulier. Il ressemble un peu à un battement de cœur, c'est une mélodie qui calme, qui rassure.
La journée a été longue, les classes ont été mélangées pour quelques cours.
C'était fatiguant, très fatiguant. Les Cigmas hurlaient, je ne
comprenais même pas pourquoi. Et les Bêtas, quant à eux, riaient pour une raison qui m'était inconnue. C'était un mélange d'hystérie et de bonne humeur, quelque chose qui aurait pu me divertir mais qui n'a fait que me déprimer.
"De toute façon, tu es toujours déprimée !", me direz-vous. Certes. Mais ce n'est pas parce-que je suis souvent d'humeur triste qu'on ne peut pas me remonter le moral. Enfin... C'est comme quand on fait tomber un crayon par terre "il ne pourra pas tomber plus bas"... Donc ce n'est pas la peine de s'inquiéter... Quand bien même quelqu'un s'inquiéterait pour moi. Après tout, comment pourrait-on me réconforter ? En me mentant ? Il n'y a rien de pire. Non, il vaut mieux que je reste seule. Parrot est une grande école et je ne pense pas avoir du mal à trouver un lieu pouvant rehausser mon moral, pour l'heure très bas.
Voyons, quels endroits aime-je plus que les autres ? La serre ?
Sûrement peuplée par mes camarades. La bibliothèque ? Je trouve cet endroit déprimant. Il est plein de livres qu'on est sûr de ne jamais finir... Hm... Je n'ai pas d'idées. Un endroit calme, serein, silencieux. Un endroit où il n'y a personne.
Oh, je sais ! L'aquarium ! Il n'y a pas de lieu plus tranquille que celui-ci. Passer ma fin de
journée là-bas ne devrait pas être désagréable...
Je passe par ma chambre, y dépose quelques affaires afin de ne garder qu'un livre, fin, plein d'images, que je relis encore et encore depuis ma plus tendre enfance.
Une fois cela fait, je pars en direction de l'aquarium.
C'est un lieu sombre, coloré par le reflet bleuté des vitre derrière
lesquelles des poissons sont enfermés. Les spécimens qui le peuplent sont tous beaux en leurs genres. En effet, que ce soit les tropicaux, arborant mille et une couleurs, ou les tempérés, plus ternes, leurs silhouettes endormies dansent dans l'eau, nous faisant découvrir un monde "comme sorti d'un rêve". Je pourrais les contempler pendant des heures. C'est presque comme si mes yeux, à force de les observer, me permettaient de ne faire qu'un avec ces sublimes créatures.
Au bout d'un certain temps, je me décide enfin à ouvrir mon sac. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été aussi léger. La seule chose qui demeure en son ventre est le livre que j'ai emporté. C'est un très bel ouvrage et, même si le texte n'est pas particulièrement intéressant, ses multiples illustrations ouvrent les portes vers un autre monde. Un monde sans mensonge, sans pleurs, une beauté pure souillée par rien, animée par les songes.
J'ouvre le livre et, dès lors, les minutes ne s'écoulent plus. Ma tête se pare de nuages, me coupant de la réalité. Me yeux, quant à eux, ne voient plus que les pages, jaunies par les années, mais toujours aussi belles. Et mes mains, ne m'obéissant plus, tournent machinalement les pages de l'ouvrage, comme si leurs vies en dépendaient.
Les secondes passent, les minutes font de même. Mon réveil se fait en sursaut, provoqué par une simple voix : "Bonjour! Tu es là pour la réunion ?".
Réunion ? Quelle réunion ? La personne semble être devant l'aquarium avoisinant le mien. Je me demande bien de quoi elle parle...
Furtivement, je m'approche de mon camarade. Je tente de ne pas me faire repérer. Ils sont deux et, l'un d'entre eux se tourne vers ma direction.
J'espère qu'il/ elle ne m'a pas vue...